Trois ans

Trois ans

On se dit, waouh, j'ai trois ans devant moi, trois longues années pour laisser derrière soi le monde du travail, pour se retrouver un peu, pour vivre une autre vie.

On se réjouit de ne plus avoir ce rythme de fou, cette course dans les transports, ce badge à sortir 4 fois par jour, cette montre qu'on regarde si souvent, ces histoires entre collègues, ce stress du travail à fournir.

Là le temps on l'a d'un coup d'un seul, pour la première fois de sa vie, comme une goulée d'air qui ennivre.

Trois ans devant soi, devant moi, et puis et puis voilà, ces trois années (et même plus !) sont passées et je ne comprend rien, je n'ai rien vu, pfff, en un claquement de doigt ces années se sont envolées... je suis comme sonnée d'un coup... j'ai la gueule de bois... je fais un bilan et me dis mais ce n'est pas possible, je ne reprends pas bientôt, pas déjà, non, non, non.

Pour moi c'est comme si la page travail était tournée et pourtant, oui pourtant il faut bien que je reprenne ce chemin.

Il va falloir m'y remettre, m'adapter, tout apprendre car je ne sais plus rien , je n'ai même plus mon poste bien sûr, je ne sais même pas ce que je vais faire dorénavant.

J'ai l'impression de flotter un peu, c'est comme de gagner au loto sans doute, on n'y croit pas, pas possible, et pourtant certains gagnent et doivent se dire, il y a erreur sur la personne.

Je suis là avec la première lettre de mon employeur depuis longtemps et ce rdv pour parler avenir (ah bon j'en ai encore un professionnellement parlant ?) et je n'y crois pas... arpenter de nouveau ces couloirs, me retrouver enfermer des heures chaque jours et attendre la sortie, comme une prisonnière....

J'ai envie de supplier, encore un peu de temps, juste un peu, je n'ai rien fait, rien.

Enfin si bien sûr, comme chaque femme au foyer ou faf (c'est à la mode cette abréviation, très tendance !) j'ai géré tout à la maison et quand je dis tout c'est tout.... deux enfants et le troisième, leur père avec qui je vis et qui en a bien profité de sa moitié au foyer.

Tiens tu peux me trouver ça aujourd'jui... j'ai un colis à poster... je n'ai plus de mousse à raser... tu as appelé les impôts ? Il faut que tu t'occupes de trouver une location... ou sont mes chemises... tu as oublié le pain ?

J'ai tout fait et me suis oubliée ou plutôt n'en ai pas eu le temps.

Ce temps qui court.

Nous sommes en novembre, je reprends dans moins d'un mois, je n'ose pas encore compter en semaines ou jours, ça va me démoraliser.

Je suis fatiguée, physiquement un peu, moralement beaucoup.

J'attendais tellement de ces 3 mois entre la rentrée et ma reprise.

Je pensais profiter de ces semaines enfin seule à la maison, en théorie. En théorie disais-je car finalement avec cette rentrée un peu difficile pour mon deuxième, les allers-retours à l'école, les petites maladies et tout le reste je ne profite toujours de rien ou à peine. Et maintenant le stress de cette reprise monte, c'est la petite forme donc.

Alors pour me booster un peu j'ouvre un blog, c'est une grande nouveauté pour moi.

Et demain et bien, demain est un autre jour.